Lectures et prédication du dimanche 15 mars 2020
Épître de Paul aux Romains, chapitre 5 1Ainsi, nous avons été rendus justes devant Dieu à cause de notre foi et nous sommes maintenant en paix avec lui par notre Seigneur Jésus-Christ. 2Par Jésus nous avons pu, par la foi, avoir accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et ce qui nous réjouit c’est l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu. 3Bien plus, nous nous réjouissons même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la patience, 4la patience produit la résistance à l’épreuve et la résistance l’espérance. 5Cette espérance ne nous déçoit pas, car Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par le Saint-Esprit qu’il nous a donné. 6En effet, quand nous étions encore incapables de nous en sortir, le Christ est mort pour les pécheurs au moment fixé par Dieu. 7C’est difficilement qu’on accepterait de mourir pour un homme droit. Quelqu’un aurait peut-être le courage de mourir pour un homme de bien. 8Mais Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs Évangile selon Jean, Chapitre 4 1-3Les Pharisiens entendirent raconter que Jésus faisait et baptisait plus de disciples que Jean. — En réalité, Jésus lui-même ne baptisait personne, c’étaient ses disciples qui baptisaient. — Quand Jésus apprit ce que l’on racontait, il quitta la Judée et retourna en Galilée. 4Pour y aller, il devait traverser la Samarie. 5Il arriva près d’une localité de Samarie appelée Sychar, qui est proche du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. 6Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, s’assit au bord du puits. Il était environ midi. 7Une femme de Samarie vint pour puiser de l’eau et Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » 8— Ses disciples étaient allés à la ville acheter de quoi manger. — 9La femme samaritaine dit à Jésus : « Mais, tu es Juif ! Comment oses-tu donc me demander à boire, à moi, une Samaritaine ? » — En effet, les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains. — 10Jésus lui répondit : « Si tu connaissais ce que Dieu donne, et qui est celui qui te demande à boire, c’est toi qui lui aurais demandé de l’eau et il t’aurait donné de l’eau vive. » 11La femme répliqua : « Maître, tu n’as pas de seau et le puits est profond. Comment pourrais-tu avoir cette eau vive ? 12Notre ancêtre Jacob nous a donné ce puits ; il a bu lui-même de son eau, ses fils et ses troupeaux en ont bu aussi. Penses-tu être plus grand que Jacob ? » 13Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; 14mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’où jaillira la vie éternelle. » 15La femme lui dit : « Maître, donne-moi cette eau, pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus besoin de venir puiser de l’eau ici. » 16Jésus lui dit : « Va chercher ton mari et reviens ici. » 17La femme lui répondit : « Je n’ai pas de mari. » Et Jésus lui déclara : « Tu as raison d’affirmer que tu n’as pas de mari ; 18car tu as eu cinq maris, et l’homme avec lequel tu vis maintenant n’est pas ton mari. Tu as dit la vérité. » 19Alors la femme s’exclama : « Maître, je vois que tu es un prophète. 20Nos ancêtres samaritains ont adoré Dieu sur cette montagne, mais vous, les Juifs, vous dites que l’endroit où l’on doit adorer Dieu est à Jérusalem. » 21Jésus lui répondit : « Crois-moi, le moment vient où vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. 22Vous, les Samaritains, vous adorez Dieu sans le connaître ; nous, les Juifs, nous l’adorons et le connaissons, car le salut vient des Juifs. 23Mais le moment vient, et il est même déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité ; car tels sont les adorateurs que veut le Père. 24Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité. » 25La femme lui dit : « Je sais que le Messie — c’est-à-dire le Christ — va venir. Quand il viendra, il nous expliquera tout. » 26Jésus lui répondit : « Je le suis, moi qui te parle. » 27A ce moment, les disciples de Jésus revinrent ; et ils furent étonnés de le voir parler avec une femme. Mais aucun d’eux n’osa lui demander : « Que lui veux-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » 28Alors la femme laissa là sa cruche d’eau et retourna à la ville, où elle dit aux gens : 29« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Serait-il peut-être le Messie ? » 30Ils sortirent donc de la ville et vinrent trouver Jésus. 31Pendant ce temps, les disciples priaient Jésus de manger : « Maître, mange quelque chose ! » disaient-ils. 32Mais il leur répondit : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. » 33Les disciples se demandèrent alors les uns aux autres : « Quelqu’un lui a-t-il apporté à manger ? » 34Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est d’obéir à la volonté de celui qui m’a envoyé et d’achever le travail qu’il m’a confié. 35Vous dites, vous : “Encore quatre mois et ce sera la moisson.” Mais moi je vous dis, regardez bien les champs : les grains sont mûrs et prêts pour la moisson ! 36Celui qui moissonne reçoit déjà son salaire et il rassemble le grain pour la vie éternelle ; ainsi, celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble. 37Car il est vrai le proverbe qui dit : “Un homme sème et un autre moissonne.” 38Je vous ai envoyés moissonner dans un champ où vous n’avez pas travaillé ; d’autres y ont travaillé et vous profitez de leur travail. » 39Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus parce que la femme leur avait déclaré : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » 40C’est pourquoi, quand les Samaritains arrivèrent auprès de lui, ils le prièrent de rester avec eux ; et Jésus resta là deux jours. 41Ils furent encore bien plus nombreux à croire, à cause de ce qu’il disait lui-même ; 42et ils déclaraient à la femme : « Maintenant nous ne croyons plus seulement à cause de ce que tu as raconté, mais parce que nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. » |
PRÉDICATION
Au chapitre 5 de l’épître aux Romains, l’apôtre Paul commence une longue réflexion jusqu’au chapitre 8 sur la paix, la grâce et l’espérance de ceux qui accueillent le don de Dieu par Jésus le Christ et par l’Esprit Saint.
Et, pour Paul, ces 3 mots caractérisent la vie chrétienne : la grâce et la paix vont ensemble…
Ainsi, celui qui reconnaît tout ce que Dieu lui donne par grâce et sans qu’il le mérite, éprouve une grande paix…
Et l’espérance, de son côté, repose sur la conviction que Dieu ne cessera jamais d’aimer tous ses enfants.
A côté de cela, l’histoire de la samaritaine, dans l’évangile selon Jean, retrace l’itinéraire d’une femme qui ne semble au bénéfice, ni de la paix, ni de la grâce, ni de l’espérance. Mais c’est néanmoins une aventure magnifique où finalement la grâce, la paix et l’espérance vont, venir prendre toute la place pour changer le regard que cette femme porte sur elle-même et le regard que les autres portent aussi, sur cette femme…
Une histoire superbe qu’il est aussi nécessaire de replacer dans son contexte si nous voulons en saisir les nombreuses finesses et richesses.
Un récit comme c’est souvent le cas, dans l’évangile de Jean, où la symbolique prend beaucoup de place et qu’il faut décrypter au fil du texte…
En fait, il faut le souligner d’emblée, on a l’impression, que dans cette histoire, tout est programmé pour aller de travers…
Lui est juif ! Et, elle est samaritaine…
Et déjà, un vieux conflit qui remonte à plus de 6 siècles, oppose juifs et samaritains.
Au temps de Jésus, la Samarie est considérée comme un pays apostat et donc indigne de tout contact… Et un juif qui en Samarie, accepte nourriture ou boisson s’expose à des souillures…
Ce rigorisme religieux visait, évidemment, à empêcher les mariages mixtes entre juifs et filles de Samarie…
Une sorte de communautarisme ethnique et confessionnel séparait ces deux peuples depuis plusieurs siècles, et Jésus, nous l’avons compris, va transgresser un énorme tabou en prenant l’initiative de s’adresser à une samaritaine…
Par ailleurs, ils n’auraient pas dû se rencontrer, aussi, parce qu’en général, les femmes vont chercher de l’eau au puit, soit le matin au lever du soleil, soit le soir à son coucher : quand la température est plus agréable…
Alors les femmes du village se retrouvent autour du puit, pour y puiser l’eau, et c’est aussi, une occasion de se rencontrer, de se parler et de partager un moment de conversation…
Mais, ici, cette samaritaine vient au puit à midi, c’est-à-dire, à l’heure la plus chaude de la journée, quand, naturellement, chacun reste à la maison…
Ainsi, ne devrait-elle rencontrer personne.
Mais, Jésus, lui, est en voyage ; et justement, son chemin l’arrête, lui aussi, au bord de ce puit à midi.
En plus, Jésus a au moins trois raisons de ne pas adresser la parole à cette femme :
Tout d’abord, il est un homme ; ensuite il est juif et enfin, c’est un rabbi (un maître) ; et il sait très bien, que sa condition ne lui permet pas d’interpeller une femme étrangère, même pour lui demander à boire…
Ensuite, en lisant attentivement cette histoire, nous y découvrons, aussi, pourquoi cette femme vient à midi et donc, ne veut, probablement, rencontrer personne…
L’évangile nous apprend qu’elle a eu 5 maris et que l’homme, avec lequel elle vit aujourd’hui, n’est pas son mari…
Mais, attention, il ne faut pas voir dans ces détails, lié à son « état civil tumultueux », comme beaucoup de commentateurs l’ont interprétés une critique de la conduite immorale de cette femme… pas du tout…
Mais il faut, plutôt, rappeler qu’aux temps bibliques, la femme était la propriété de son mari.
Elle avait surtout peu de droit et beaucoup de devoir.
A tout moment, elle pouvait être répudiée, car le droit de répudiation appartenait au mari, seulement…
Et lorsque Jésus déclare à cette femme : « tu as eu 5 maris » : il ne s’agit pas d’une critique concernant sa moralité, mais bien, plutôt d’une contestation radicale du droit conjugal en vigueur…
La samaritaine a été répudiée 5 fois, c’est-à-dire abandonnée 5 fois et, c’est probablement pour cela, qu’elle vient à midi, pour, ainsi, fuir tout commérage au sujet de sa situation pour le moins inconfortable.
Enfin, dans cette histoire, où la dimension symbolique est toujours très forte, il faut aussi remarquer que l’homme qui parle a un nom : il s’appelle Jésus…
Tandis qu’elle, n’a pas de nom… ou plutôt, on a oublié son nom, elle a eu tant de maris qu’on ne sait plus très bien comment elle s’appelle maintenant…
L’évangile ne la nomme pas…
Et pour le lecteur de l’évangile, lui, Jésus, c’est le fils de Dieu ; tandis qu’elle : c’est, pourrions-nous dire, une « fille d’Eve », peu fréquentable certainement, au vu de son histoire compliquée …
Lui, est né sous la loi juive et elle, la loi juive, ce n’est même pas son problème. Ce n’est pas sa vie…
La loi juive tolérait la possibilité de 3 mariages successifs et la samaritaine a eu 5 mariages…. et le 6e homme qui vit avec elle n’est pas son mari…
Enfin, on peut encore remarquer ; que c’est Jésus qui demande à boire, mais en fait, dans la symbolique de Jean, c’est elle qui a soif….
Lui, parle d’eau vive…
Tandis qu’elle se met à rire, parce qu’il n’a pas même un seau pour puiser l’eau…
A bien relire chaque détail de ce récit, l’un et l’autre sont programmés pour ne pas se rencontrer ; ou pour s’ignorer cordialement mais, finalement, c’est à travers ce véritable dialogue de sourds qu’ils vont se rencontrer.
Comme quoi, il ne faut jamais désespérer, même au travers les quiproquos les plus inattendus…
Miracle, diront les uns, état de grâce diront les autres, mystère de la Parole qui fait son chemin : il y a là, un message qu’il nous faut entendre.
Le plein midi ; la chaleur du jour ; la fatigue de la route ; la vie au cœur même de ses imprévus…
Mais finalement qui d’autres a encore soif dans ce récit ?
Je crois qu’au creux de ce récit, il faut, encore, entendre chez l’évangéliste Jean, la soif de Dieu pour son humanité ; car, dans cette histoire, comme dans beaucoup d’autres, Dieu ne cesse d’aller à notre rencontre.
Déjà dans genèse 3, Dieu s’approche du Jardin à la fraîche et demande à Adam où es-tu ?
Ici, cette femme semble être en quête de sens pour sa vie qui a dû traverser bien des épreuves et des échecs.
5 maris et un compagnon… Une sorte de fuite en avant la bouscule….
Six alliances et aucune de satisfaisante, la poussent à venir au puit à midi pour ne rencontrer personne….
Mais, c’est alors que se présente le 7e homme : le nouvel Adam, comme le soulignent les pères de l’Eglise. Celui de l’alliance nouvelle et éternelle…
Le septième homme qui nous rappelle, aussi, le septième jour de la création…, le jour de l’achèvement…, le jour du repos…
Certainement, que dans cette rencontre avec Jésus, la samaritaine est arrivée au bout de sa recherche et de sa peine…
Elle n’aura plus jamais soif ; elle n’aura plus besoin de se cacher pour aller chercher de l’eau à l’heure la plus chaude de la journée…
Elle ne craindra plus les paroles qui jugent, ni les paroles qui condamnent, parce qu’un homme, nommé Jésus, est venu lui dire :
« Mais, ta vie n’est pas ratée. Ta soif d’humanité est plus profonde que tu ne le penses… Et tu peux boire à d’autres sources qu’à celle de tes échecs et de tes malheurs…
L’enchaînement de tes échecs n’est pas non plus une fatalité… »
Et, nous pouvons remarquer que c’est seulement quand la discussion est établie en vérité, qu’elle va oser demander à Jésus, mais, où est la source de l’adoration ?
Où faut-il adorer ?
A Jerusalem ou sur le mont Garizim, où les samaritains avait élevé un temple ?
Fausse question dira Jésus !
(Et sa réponse lui sera comptée, plus tard comme blasphème car la tradition religieuse insistait sur le rôle incontournable du temple…)
Mais, dira Jésus, le vrai culte est celui qui est suscité dans nos vies par l’Esprit lui-même.
Et le vrai temple de Dieu est celui que la vérité, elle-même, peut inaugurer dans chacune de nos vies.
– « Vivre en vérité avec soi-même et avec notre entourage
pour vivre une adoration plus vraie! »
Au terme de cette belle rencontre, il semble bien que la samaritaine soit délivrée de bien des préjugées pour vivre dorénavant dans la grâce de sa savoir aimée par Dieu, en paix avec elle-même et dans l’espérance de Celui qui nous accepte et nous aime tel que nous sommes, quelque soit notre itinéraire.
Amen
Rue Lanterne, le 14 mars 2020
Bernard Millet
Prière
Donne-nous le courage de répandre l’espoir Seigneur, nous ressentons de l’insécurité et de l’inquiétude Nous avons l’impression que les choses échappent à notre contrôle La peur se propage plus vite que le virus Mon voisin devient une menace Les frontières se ferment, les gens se retrouvent isolés Seigneur, nous comprenons les mesures et les tentatives pour aider Seigneur, nous ressentons de l’insécurité et de l’inquiétude Tu es venu sur terre pour guérir, lorsque la peur et la méfiance se répandent Tu es venu sur terre pour réconforter, lorsque le désespoir et la solitude se font ressentir Tu es venu sur terre parmi les exclus et les marginaux Nous te prions : Donne-nous le courage de faire face à la maladie et à la mort, et de ne pas les accepter comme une fatalité Donne-nous le courage de répandre l’espoir, lorsque la peur assombrit le monde. Donne-nous la force d’apporter du courage lorsque les gens se sentent seuls et exclus Seigneur, nous avons l’assurance qu’à travers ton Esprit, nous sommes connectés en tant qu’Églises, même au-delà de nombreuses frontières. Préparé par pasteur Sören Lenz, Secrétaire exécutif à la Conférence des Églises européennes |
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