Être aumônier à l’hôpital

Je suis aumônier à l’Infirmerie Protestante et au Centre Léon Bérard. Pour moi, être aumônier à l’hôpital c’est ouvrir des portes et s’ouvrir à la rencontre. J’ouvre une porte d’hôpital, et derrière il y a une famille en deuil
autour d’un être aimé qui vient de mourir. J’écoute la vie, la tristesse, le regret, ce que l’on n’a pas eu le temps de se dire, l’amour partagé, le temps toujours trop court. J’ouvre une autre porte, et la personne ne peut pas parler, alors je reste là en silence, la confiant à Dieu. J’ouvre encore une porte, et la personne allongée là se met à parler et en quelques minutes je deviens le témoin privilégié de toute une vie, avec ces souffrances, ces
joies, ces questions.

Être aumônier à l’hôpital, c’est parler mais c’est plus souvent se taire, écouter, être là en silence, c’est un geste, un sourire, un regard, une prière. C’est avant tout proposer du temps, de la présence. Quelquefois se pose la question de Dieu, de la foi, alors derrière cette porte d’hôpital, nous chantons, nous prions ensemble, nous nous bénissons mutuellement.

Au Centre Léon Bérard, je rencontre des personnes qui viennent de Guyane parce qu’il n’y a pas de radiothérapie là-bas, même si c’est la France. Des personnes de plusieurs pays autour se retrouvent là : du Surinam, du Brésil, d’Haïti, de la République Dominicaine. J’y ai rencontré Julienne. Elle me parle de son inquiétude parce qu’elle n’a qu’un récépissé de sa demande de papier pour rester en France et elle se demande ce qui va se passer pour elle. Et puis Christian qui est brésilien et se demande aussi comment il va nourrir ses enfants quand il sera de retour en Guyane, avec les prix qui augmentent, et qu’il se sent faible et qu’il ne sait pas comment il pourra travailler.

Être aumônier, c’est écouter toutes les détresses, les inquiétudes, qu’elles soient physiques, psychologiques, spirituelles. Écouter et confier ces personnes à Dieu qui les aime et les connaît.

Béatrice Frossard