Célébrations du 6 octobre

Une très belle affiche, des cartons d’invitation soignés, un public de choix, cinq ou six intervenants, un horaire millimétré et suivi de près, le tout terminé par un jeu d’orgue et un cocktail soigné… Une belle et noble rencontre en perspective !

Il est vrai que nous étions tous heureux de célébrer la fin des travaux du toit fin juillet. Une projection de diapos rappelait toutes les étapes et les défis de ce chantier : des tuiles manquantes ou cassées rendant indispensable une réfection complète du toit, le choix d’une architecte du patrimoine et d’une entreprise relativement jeune mais très pertinente. A cela s’ajoutait un hommage rendu à deux commissions paroissiales, celle des immeubles, omniprésente pendant des mois dans le suivi des travaux et celle du comité de campagne de collecte de dons réussissant le tour de force de rassembler cent quatre-vingt mille euros, coût des travaux, auprès de donateurs variés.

Un très grand merci à ces derniers !

Aborder ensuite l’évocation de l’arrestation de Roland de Pury ne semblait pas des plus faciles. Et pourtant, n’est-ce pas en grande part pour avoir caché des juifs sous les combles de ce toit qu’il était arrêté par la Gestapo le 30 mai 1943… Le 14 juillet 1940, quatre jours exactement après la proclamation du Maréchal Pétain comme chef de l’État, Roland de Pury prononce en chaire une prédication devenue célèbre : « …mieux vaudrait la France morte que vendue, défaite que voleuse… » C’est là, une dénonciation sans appel de la politique annoncée par le Maréchal et calquée sur le programme antisémite des nazis mais c’est aussi un engagement clair à résister…

Formé aux idées de Karl Bart et de l’Église confessante allemande, Roland de Pury ne peut envisager un instant de laisser sans soutien les juifs persécutés. Son appel apparaît comme totalement à contre-courant tant la France vaincue se sent coupable et résignée. Et, pourtant, la paroisse, dans sa très grande majorité, va rester fidèle et prête !

Les familles juives commencent à arriver, un peu au presbytère où Jacqueline de Pury les accueille, mais surtout au temple pour s’y cacher dans les combles et y attendre des passeurs qui les conduiront vers la Suisse. Roland de Pury trouve de l’aide dans la paroisse, tenue à la plus grande discrétion. Plusieurs paroissiens se sont engagés dans la Résistance et dans la coopération avec les Amitiés Chrétiennes composées de protestants, de catholiques…et de juifs, l’approche œcuménique lui paraissant indispensable.

Le 30 mai 1943, alors qu’il s’apprête à monter en chaire, Roland de Pury est arrêté par la Gestapo et emmené au Fort de Montluc. Il y restera plusieurs mois avant de gagner la Suisse en échange de quelques espions allemands. Il reviendra dans la paroisse en 1944 et y restera jusqu’en 1957.

En 1976, l’État d’Israël proclame Roland et Jacqueline de Pury « justes parmi les nations ».

Pour réaliser l’extrême difficulté de cette période, nous avons écouté le témoignage d’une personnalité juive âgée de 7 ans en 1940 : réfugié à St Amour dans le Jura il nous a dit la dureté de l’occupation allemande surtout après 1942, mais aussi la générosité de la population locale, faisant tout pour les protéger lui et sa famille ; un témoignage émouvant et un personnage impressionnant qui n’a cessé toute sa vie de témoigner, de raconter etc… pour que plus jamais de telles horreurs ne se produisent…

De ces témoignages, auxquels enfants et petits-enfants de Pury ont heureusement contribué, que faut-il retenir ? Que le service de Dieu, c’est le service des autres, que cela implique un engagement au service du monde et pour le bien du monde, qu’il nous faut défendre la justice et la dignité humaine.

« Plus que jamais, soyons vigilants et engagés ! » Voici le message fort que nous retiendrons de cette belle soirée !

Le temps prévu pour cette rencontre a été bien dépassé et pourtant nous sommes pratiquement tous là quand les applaudissements éclatent avant que nous nous précipitions pour partager un cocktail délicieux.

Catherine Lasserre