Accueil, enfermement ou rejet ?
Lundi 21 octobre, le tribunal administratif de Lyon a rejeté le référé-liberté déposé par le barreau qui demandait la fermeture, urgent mais provisoire, du Centre de Rétention Administrative (CRA) n° 2 de St Exupéry. Les avocats considèrent que les conditions d’enfermement (47 000 personnes sont passées dans les CRA en 2023, dont 3349 enfants) sont contraires au respect dû à chacun. Rappelons que la plupart des internés n’ont commis aucun crime ni aucun délit. Ils n’ont simplement pas les papiers nécessaires pour
justifier leur présence sur le territoire français.
Déjà, dans son rapport de juin 2023, Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, constatait que les CRA « ne respectent pas la dignité des personnes » , critiquait des « locaux, indignes
dans leur conception même », et avait découvert du « matériel de contention de psychiatrie », pourtant interdit.
Au début des années 80, les CRA ont été mis en place par Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, avec deux objectifs. Le premier était de mettre fin aux brutalités cachées qui se pratiquaient parfois dans les arrière-salles de
commissariat vis-à-vis des personnes en situation irrégulière. Le second était qu’on puisse rendre compte des façons de faire, dans un souci de transparence démocratique. C’est pourquoi La Cimade avait été mandatée pour accompagner au plan juridique les personnes retenues et pour témoigner de la situation dans ces centres. Sarkozy a cassé ce « monopole » de La Cimade en créant un « marché de la rétention », avec appel d’offre et concurrence. Aujourd’hui, La Cimade n’intervient plus que dans 8 centres sur 25.
La durée maximum d’enfermement ne cesse de s’allonger, en toute inutilité au demeurant : de 7 jours à l’origine, elle est passée à 32 en 2003, 45 en 2011, 90 en 2018. L’actuel ministre de l’Intérieur propose de la repousser à 180, voire 210 jours. Une sorte d’acharnement. Pire, il met en cause la présence des associations (dont La Cimade et Forum Réfugiés) et considère que l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) peut très bien les remplacer. Or, l’OFII est un établissement public sous tutelle …du ministère de l’Intérieur. Où l’on voit que le discours xénophobe se marie très bien avec l’autoritarisme et les pratiques antidémocratiques.
A Ecully, le départ d’une école d’ingénieur (CESI) en avril 23, a permis d’accueillir dans ses locaux (qui appartiennent à la Métropole), quelques dizaines d’Ukrainiens, accompagnés par Notre-Dame des Sans Abris puis par la Croix-Rouge. Personne n’y a vu à redire. Au contraire : élémentaire solidarité !
Octobre 24. Les locaux, devenus libres, sont destinés à loger 70 « mineurs non accompagnés » durant la période de test de leur minorité. Ah ! Mais non ! Les Ukrainiens, très bien, mais ces jeunes africains risquent de menacer « l’identité d’Ecully », dixit le maire qui s’oppose résolument à cette sombre perspective…
Yves Grellier, greliersays@nullgmail.com
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