Des anges, des ânes et Roméo et Juliette ! Interview de Michel Barlow par Philippe Prat

Des anges, des ânes et Roméo et Juliette ! Interview de Michel Barlow par Philippe Prat

Philippe : Michel, trois livres de toi viennent de sortir en même temps. Est-ce que tu peux les situer chronologiquement ?

Michel : Au bonheur des anges a été écrit il y a une dizaine d’années et les éditions Passiflores viennent de rééditer le texte. 12 âneries – histoires d’ânes de la Bible, chez le même éditeur, a été écrit il y a deux ans environ et le troisième, Roméo et Juliette étaient bien vieux est la reprise par les éditions Olivétan de ma contribution au concours d’écrits théologiques d’Évangile et liberté, en 2016, sur le thème de la foi insoumise.

Philippe : Dans Roméo et Juliette, il y a beaucoup de références à des auteurs modernes ; tu cites même Mao-Tsé-Toung ! En revanche parmi les théologiens, tu ne cites que Louis Évely, c’est le plus important pour toi ?

Michel : Oui, c’est celui qui m’a le plus aidé à devenir protestant

Philippe : De la rébellion de Roméo contre l’autorité paternelle, tu tires une certaine rébellion contre une Église trop dogmatique, machiste, écrasante…

Michel : Contre les dogmes surtout, lorsque, dans leur rigueur, ils font oublier que le christianisme est d’abord une religion de l’amour ! Le livre s’achève par la comparution de frère Laurent devant l’inquisition. Il ressemble alors à Luther à la diète de Worms : il ne dit que ce qu’il croit vraiment, ce que sa conscience lui dicte en accord avec les Écritures…

Philippe : Il me semble que telle a été aussi, ta rébellion contre l’Église catholique et donc que Roméo et Juliette, est un livre un peu autobiographique, non ?

Michel : Tout à fait ! L’amour du couple de vieux amoureux est aussi tout à fait autobiographique et ce n’est pas un hasard si le livre est dédié à mon épouse chérie !

Philippe : Comme les deux recueils de contes, d’ailleurs ! Mais Les 12 âneries et Au bonheur des anges sont des textes plus frais, plus enfantins, au meilleur sens du terme.

Je voudrais d’abord faire un éloge de la présentation de ces livres : leur format carré, la qualité du papier, la mise en page soignée et les illustrations aussi drôles que jolies de Sylvie Lucel. Peux-tu me dire un mot des éditions Passiflores ?

Michel : C’est une toute petite maison d’édition associative dirigée par un pasteur et son épouse. Ils ont été les premiers éditeurs de Marion Muller-Collard et publient beaucoup de choses pour les écoles bibliques.

Philippe : J’ai beaucoup apprécié les douze petites histoires charmantes, pleines d’humour et de jeux de mots rigolos qui constituent les Douze âneries. Mais il y a aussi des choses sérieuses qui donnent à réfléchir : par exemple quand tu vitupères contre le sacrifice d’Abraham, « qu’il ne faut sûrement pas prendre au pied de la lettre ».

Au bonheur des anges est aussi composé de petits récits – il y en a seize – mais il est plus centré sur l’actualité que le précédent : on est transporté sur un terrain de football, à Notre-Dame-de-La-Garde à Marseille, à Wall Street aussi, où de sauvages capitalistes sont prêts à dépecer un ange en or, nommé bien sûr Or-ange ! La théologie est également présente dans le livre et, par exemple, aux trois vertus théologales tu ajoutes une quatrième : la joie « qui, écris-tu, doit être le fond de nos vies ».
Mais j’ai une dernière question à te poser : en fait est-ce que tu crois aux anges ?

Michel : Pour moi, les anges, ce sont surtout des figures poétiques pour désigner l’action de Dieu lui-même. Mais j’aime à penser que les anges figurent aussi les petites missions qu’on peut avoir les uns pour les autres… En ce sens, on peut, on doit même être tous des anges les uns pour les autres !
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Roméo et Juliette étaient bien vieux…, 130 p., éditions Olivétan, 2018, 14 € ; 12 âneries– histoires d’ânes de la Bible, 110 p., éditions Passiflores, 2017, 15 € ; Au Bonheur des anges, 172 p., éditions Passiflores, 2017, 17 €.
Ouvrages en vente dans toutes les « bonnes librairies » et auprès de l’auteur : les bénéfices de la vente iront à la paroisse.

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