Rapprochement avec la Yokohama Kaigan Church
Chers amis,
Je suis très heureux de vous présenter le premier article d’une série venant de nos nouveaux amis de l’Église protestante réformée et luthérienne Yokohama Kaigan Church, dans la ville éponyme à 30km au sud de Tokyo, où je me suis présenté au culte pour la première fois en décembre 2018, lors de mon voyage annuel au Japon dans ma famille. D’année en année, je me suis fait connaître avec persévérance et espérance, le reste de l’année entrecoupé de courriels de nouvelles respectives.
Et, depuis la fin 2022, le « rapprochement » entre nos églises a réellement pris racine et des projets communs se sont noués, dont cet échange d’articles sur nos églises respectives, puisqu’une présentation des Terreaux a déjà été publiée dans leur journal de paroisse d’août dernier.
C’est un début, prometteur pour l’avenir, que nous devons en bonne partie au Pasteur UEYAMA et son ouverture sur le monde, dans cette paroisse de la ville de Yokohama, La ville de Lyon est par ailleurs jumelée officiellement avec la ville de Yokohama depuis 1959.
Luc Chabanal
Notre ville de YOKOHAMA
De 1639 à 1854 le Japon a maintenu ses frontières fermées (SAKOKU : littéralement « fermeture du pays »). En 1853 l’américain Matthew Calbraith Perry accoste à URAGA, exigeant l’ouverture du pays. En 1854 la Convention de KANAGAWA (Japan – US Treaty of Peace and Amity : Traité de paix et d’amitié entre le Japon et les Etats Unis) a été signée au bord de la mer, sur la côte d’un village, alors appelé YOKOHAMA, juste devant l’endroit où se situe notre actuelle église YOKOHAMA KAIGAN CHURCH. Ainsi le Japon renonçait à la fermeture du pays (« SAKOKU ») et s’ouvrait au monde. Ensuite, en 1859, le port de YOKOHAMA, s’ouvrit au commerce international. A cette époque YOKOHAMA comportait 101 foyers, se trouvant géographiquement sur les bords de mer de la presqu’île, entre les embouchures de deux rivières, (OHOKA- Gawa et « NAKAMURA-Gawa), dans une zone de polders créés durant l’époque Edo, où l’on cultivait le riz. On dit que le port de YOKOHAMA a été choisi comme port ouvert sur le monde parce que le Shogunat TOKUGAWA ne voulait pas voir les étrangers pouvoir s’approcher d’EDO (actuelle ville de TOKYO) et parce que la baie d’EDO n’était pas assez profonde pour l’accostage de grands navires, donc moins favorable pour une activité portuaire.
De l’ouverture du port jusqu’à nos jours, YOKOHAMA, en absorbant successivement les villes et villages avoisinants, agrandit ses zones urbaines et devient une ville géante. Actuellement la taille de la ville de YOKOHAMA est 81 fois plus grande que celle de l’époque du village de YOKOHAMA. Après l’ouverture du port, YOKOHAMA a prospéré comme une ville portuaire d’activité internationale et dans la zone réservée aux ressortissants étrangers beaucoup de comptoirs commerciaux se sont installés, s’alignant les uns à côté des autres. Avec le commerce florissant de la soie (notamment avec Lyon), du thé, de la porcelaine et autres, YOKOHAMA a continué à se développer. La ville, par deux fois, a été complètement détruite, en 1923 par le grand tremblement de terre du KANTO et en 1945, par le grand bombardement en phase finale de la 2e Guerre Mondiale. Malgré tout, notre église est debout, toujours au même emplacement, au centre-ville de YOKOHAMA, et ce, depuis l’époque de l’ouverture du port jusqu’à nos jours.
Introduction du Christianisme et du Protestantisme à YOKOHAMA
En septembre 1859, peu de temps après l’ouverture du Port de YOKOHAMA le 1er juillet, Prudence Seraphin-Barthelemy Girard des Missions Etrangères de Paris est arrivé à YOKOHAMA puis a inauguré en 1862 une cathédrale au N° 80 dans la zone réservée aux ressortissants étrangers. Egalement depuis octobre 1859 des missionnaires protestants, en provenance principalement des Etats-Unis, sont arrivés les uns après les autres : Samuel Robbins Brown, Duane B. Simmons, James Curtis Hepburn, James Hamilton Ballagh, David Thompson.
A cette époque la diffusion du Christianisme au Japon était strictement interdite, de même qu’il était interdit pour les Japonais d’assister au culte. Pour cette raison les missionnaires ont ouvert une école anglaise pour y enseigner l’anglais aux jeunes japonais et ils donnaient les cours d’anglais en utilisant, de temps en temps, la Bible comme texte d’étude.
Dans ce même temps, les missionnaires comme J-H. Ballagh, S.R.Brown, D.Thompson etc, qui appartenaient à l’Eglise Réformée Néerlandaise, ont loué le terrain N°167 dans la zone réservée aux ressortissants étrangers et en 1868 ont construit en pierre une petite chapelle comme lieu de culte pour les marins étrangers et comme lieu d’enseignement de l’anglais pour les Japonais. Le pasteur Ballagh y enseigna l’anglais aux jeunes japonais. Ce lieu est l’endroit où se trouve aujourd’hui l’actuelle YOKOHAMA KAIGAN CHURCH.
Pour la première semaine de la Nouvelle Année de 1872 les missionnaires étrangers ont organisé comme à leur habitude leur réunion de prière, « Shoshu Kito Kai » (réunion de prière pour la première semaine de chaque année). En les voyant, les élèves japonais du Pasteur Ballagh ont demandé de pouvoir eux aussi utiliser cette chapelle à l’occasion de la Nouvelle Année du calendrier japonais (le 10 février) pour eux aussi organiser une réunion de prière « Shoshu Kito Kai ». Le Pasteur Ballagh leur en a donné l’autorisation et a lui aussi assisté à cette réunion de prière avec les jeunes gens. En fait cette réunion de prière dura pendant un mois depuis le jour de la Nouvelle Année japonaise et pendant ce temps certains des participants ont manifesté, les uns après les autres, leur souhait d’être baptisés. Le 10 mars le Pasteur Ballagh effectua la première cérémonie de baptême. Ainsi se créa « The Church of Christ in Japan (l’Eglise du Christ au Japon) », la première église du Christ pour les japonais, à l’origine de YOKOHAMA KAIGAN CHURCH.
C’est en février 1873, un an après, qu’eut lieu au Japon l’abolition des panneaux officiels, interdisant le christianisme. Suite à l’augmentation des participants au culte et au nombre croissant des baptisés, la chapelle devînt trop petite et en 1875 la première Grande Eglise est inaugurée à coté de la chapelle. La Grande Eglise reste en fonction jusqu’à l’été 1923 mais sera complètement détruite par le grand tremblement de terre du KANTO qui s’est produit le 1er septembre 1923. Seule une cloche fut épargnée. En 1933, 10 ans après, l’Eglise actuelle est inaugurée et demeure encore à ce jour, et la cloche coulée en 1875, sauvée en 1923, sonne toujours à chaque culte aujourd’hui. De 2013, 80 ans après la construction, à 2015 l’église actuelle a connu une grande restauration. Après le Pasteur Ballagh, tous les pasteurs furent japonais et aujourd’hui notre pasteur actuel, le 9ème dans la succession, se nomme Shuhei UEYAMA.
Traduction par Tatsuro Nakata
Illustration : Photographie de l’église construite en 1875, détruite lors du tremblement de terre de 1923.
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